Lauréats 2021

Pour ce cinquième appel à projets, le Fonds de dotation CSL Behring pour la recherche a reçu 21 candidatures. Parmi ces demandes de bourses, 3 projets ont été sélectionnés sur des critères d’originalité, d’innovation et de pertinence technologique. Nous vous invitons à découvrir les projets lauréats ci-dessous.

Chloé JAMES – Médecin chercheur, professeur en hématologie – Hôpital de Bordeaux, INSERM

 

Projet équipe C. James : L’efficacité clinique des traitements au cours de la COVID-10 corrèle-t-elle avec une diminution des marqueurs des neutrophil extracellular traps (NETs) ?

 

Plusieurs études suggèrent que les NETs jouent un rôle dans l’aggravation de la COVID-19. Cibler les NETs serait donc très important pour empêcher l’évolution vers les formes graves ou pour empêcher le décès dans les formes graves. Mais l’absence d’études disponibles dans les modèles animaux empêche de tester véritablement ce mécanisme et donc questionne sur l’intérêt de cibler cette voie.

Notre hypothèse est que si réellement les NETs sont impliqués dans l’aggravation de la maladie, ils devraient diminuer lorsque les patients s’améliorent et augmenter chez les patients qui s’aggravent.

Nous allons doser les NETs à partir d’échantillons provenant de patients COVID-19 graves et allons comparer ces dosages en fonction des traitements reçus et de l’évolution clinique.

Ces résultats nous permettront de renforcer l’hypothèse du rôle prépondérant des NETs dans l’aggravation de la COVID, donnant des arguments forts pour soutenir le développement de thérapeutiques les ciblant.

Pascale JEANNIN – Pharmacien Biologie Médicale, Laboratoire d’immunologie – CHU d’Angers

 

L’infection par le coronavirus 2019 (COVID-19) se manifeste de façon très hétérogène. Alors qu’une part importante des personnes infectées ne développent pas de symptômes, d’autres développent des formes graves. Beaucoup d’études ont analysé les réponses immunitaires antivirales dans les formes graves de COVID-19. Néanmoins, l’immunité dirigée contre le virus SARS-CoV-2 mise en place précocement au site de l’infection reste peu comprise. L’immunité innée antivirale, qui intervient immédiatement après un contact avec un virus, a pourtant un rôle central dans le contrôle et le devenir d’une infection par le virus SARS-CoV2 en limitant sa réplication et en contrôlant le délai et l’efficacité de la réponse immunitaire adaptative qui est généralement mise en place une dizaine de jours après la primo-infection. Alors qu’une réponse efficace permet à une majorité de sujets infectés d’être asymptomatiques sur toute la durée de l’infection, une réponse immunitaire innée antivirale défectueuse (insuffisante, retardée ou absente) est souvent associée à une immunité spécifique (adaptative) retardée et à une réponse inflammatoire excessive et parfois fatale.

Les molécules antivirales de l’immunité innée comprennent les interférons de type I (IFN-I) et de type III (IFN-III) ainsi que des molécules solubles de l’immunité innée (appelées AV-PRM pour « antiviral pattern recognition molecules ») qui reconnaissent des motifs très conservés exprimés par les virus. Les IFN-I/-III et certains AV-PRM sont produits par les muqueuses et agissent au point d’entrée du virus, dès son introduction.  Ils agissent en favorisant la destruction/élimination des virus, en empêchant leur réplication et/ou en contrôlant la réponse inflammatoire. Il est probable que ces molécules contribuent activement à la protection locale et précoce contre le virus SARS-CoV-2, notamment en cas de primo-infection, lorsque l’immunité adaptative n’est pas encore fonctionnelle.

Ce projet a pour objectif (i) d’identifier les IFN-I et -III et les AV-PRM exprimés par la muqueuse nasopharyngée des sujets infectés par le virus SARS-CoV-2 et (ii) d’évaluer si leur expression est liée à la charge virale, à l’âge et au sexe des sujets, ainsi qu’au tableau clinique (Axe I). En parallèle, nous identifierons in vitro les stimuli (d’origine virale ou en réponse à certaines cytokines induites) induisant leur expression par les cellules épithéliales nasales humaines (Axe II).

Ce projet permettra d’identifier les molécules solubles de l’immunité innée potentiellement actives contre le SARS-CoV2 ainsi que leurs mécanismes d’induction par les muqueuses et donc d’améliorer la compréhension des mécanismes pathogéniques précoces de la COVID-19 et de proposer de nouvelles stratégies pronostiques et/ou thérapeutiques. 

David LAUNAY – Professeur en Médecine Interne et Immunologie Clinique – CHU de Lille

 

La fibrose pulmonaire va constituer un problème majeur pour un nombre important de patients ayant eu la COVID-].9. Ce projet vise à comprendre la pathophysiologie de la fibrose pulmonaire précoce au cours de la COVID-19 et à évaluer les différentes options de traitement de cette complication. Une caractéristique de la COVID-19 est que les études histologiques et scanographiques mettent en évidence une fibrose pulmonaire précoce. La physiopathologie et donc le traitement de cette complication restent largement inconnus. Les 2 principales hypothèses pour expliquer les fibroses pulmonaires sont 1. Le rôle des cellules inflammatoires et des cytokines 2. Le rôle du virus. Les cytokines proinflammatoires et profibrotiques présentes dans le sérum et le liquide broncho-alvéolaire (LBA) jouent probablement un rôle majeur. La présence de T activés avec une polarisation Thl, Th2 et Th17 explique également l’inflammation et la fibrose. Il est admis également que le coronavirus peut avoir un rôle profibrotique direct. Dans ce projet, nous étudierons les effets de la LBA sur les fibroblastes pulmonaires et évaluerons les traitements possibles de la fibrose pulmonaire in vitro. A la fin de ce projet, nous espérons contribuer à la compréhension de la pathophysiologie de la fibrose pulmonaire, et à l’évaluation des options de traitement de cette complication redoutable.