Pascale JEANNIN – Pharmacien Biologie Médicale, Laboratoire d’immunologie – CHU d’Angers
L’infection par le coronavirus 2019 (COVID-19) se manifeste de façon très hétérogène. Alors qu’une part importante des personnes infectées ne développent pas de symptômes, d’autres développent des formes graves. Beaucoup d’études ont analysé les réponses immunitaires antivirales dans les formes graves de COVID-19. Néanmoins, l’immunité dirigée contre le virus SARS-CoV-2 mise en place précocement au site de l’infection reste peu comprise. L’immunité innée antivirale, qui intervient immédiatement après un contact avec un virus, a pourtant un rôle central dans le contrôle et le devenir d’une infection par le virus SARS-CoV2 en limitant sa réplication et en contrôlant le délai et l’efficacité de la réponse immunitaire adaptative qui est généralement mise en place une dizaine de jours après la primo-infection. Alors qu’une réponse efficace permet à une majorité de sujets infectés d’être asymptomatiques sur toute la durée de l’infection, une réponse immunitaire innée antivirale défectueuse (insuffisante, retardée ou absente) est souvent associée à une immunité spécifique (adaptative) retardée et à une réponse inflammatoire excessive et parfois fatale.
Les molécules antivirales de l’immunité innée comprennent les interférons de type I (IFN-I) et de type III (IFN-III) ainsi que des molécules solubles de l’immunité innée (appelées AV-PRM pour « antiviral pattern recognition molecules ») qui reconnaissent des motifs très conservés exprimés par les virus. Les IFN-I/-III et certains AV-PRM sont produits par les muqueuses et agissent au point d’entrée du virus, dès son introduction. Ils agissent en favorisant la destruction/élimination des virus, en empêchant leur réplication et/ou en contrôlant la réponse inflammatoire. Il est probable que ces molécules contribuent activement à la protection locale et précoce contre le virus SARS-CoV-2, notamment en cas de primo-infection, lorsque l’immunité adaptative n’est pas encore fonctionnelle.
Ce projet a pour objectif (i) d’identifier les IFN-I et -III et les AV-PRM exprimés par la muqueuse nasopharyngée des sujets infectés par le virus SARS-CoV-2 et (ii) d’évaluer si leur expression est liée à la charge virale, à l’âge et au sexe des sujets, ainsi qu’au tableau clinique (Axe I). En parallèle, nous identifierons in vitro les stimuli (d’origine virale ou en réponse à certaines cytokines induites) induisant leur expression par les cellules épithéliales nasales humaines (Axe II).
Ce projet permettra d’identifier les molécules solubles de l’immunité innée potentiellement actives contre le SARS-CoV2 ainsi que leurs mécanismes d’induction par les muqueuses et donc d’améliorer la compréhension des mécanismes pathogéniques précoces de la COVID-19 et de proposer de nouvelles stratégies pronostiques et/ou thérapeutiques.